SUPPRIMER LA PROFESSION DE POLITICIEN ?

Les élections ont lieu dans six mois. Et pourtant, cela fait déjà près d’un an que les hommes et femmes politiques ne prennent pratiquement plus de décisions courageuses. Trop occupés à ne pas déplaire aux électeurs. Ils évitent désormais toute mesure impopulaire, même si elle est nécessaire à la bonne marche du pays. Surtout ne rien faire qui puisse mettre en péril le renouvellement de leur emploi. Certes, un emploi instable constitué d’une succession de contrats à durée déterminée. J’ai déjà souligné dans un livre  combien le métier politique était exigeant, dur, impitoyable. Et contrairement à ce que pense bien des gens, je suis de ceux qui estiment que les hommes et femmes politiques sont généralement compétents et globalement honnêtes. 

Le vrai problème est qu’ils ont transformé une vocation momentanée en rente à vie. Comme le bourgmestre MR de Spa, Joseph Houssa, âgé de 83 ans, et patron de sa commune depuis plus de 30 ans. Il exprimait récemment songer tout doucement à la retraite, mais espère céder la place à…sa femme. Car la rente politique est aussi devenue une affaire de famille. Un privilège que l’on se lègue de père en fils ou fille. Prenons l’exemple de Laurette Onkelinx, fille de Gaston Onkelinx, ancien bourgmestre. Elle a été ministre de l'intégration sociale, de la santé publique, de l'environnement, de la fonction publique, de l'enfance, de la promotion de la santé, de l'éducation, de l'audiovisuel, de la mobilité, de la justice, des affaires sociales, des institutions culturelles. Et j’en oublie sans doute. Bref, elle a pratiquement tout fait. Ne pourrait-elle pas prendre sa retraite à 65 ans (comme on l’exige des autres citoyens) ? Et céder la place aux jeunes. Et bien non, elle continue ! Étonnant pour une ancienne ministre de l'aide à la jeunesse, de l'emploi et de l'égalité des chances (j’allais oublier ces titres, assez comiques en la circonstance). J’ai choisi cette personnalité politique comme illustration. Sa probité ou ses qualités ne sont pas en cause. Ce que je pointe c’est l’acharnement à s’accrocher au pouvoir le plus longtemps possible. Maladie qui touche l’ensemble de la classe politique. Pourquoi ? Parce qu’ils ont la vanité de penser qu’ils sont indispensables et irremplaçables ? Ou parce qu’ils sont addicts à la drogue du pouvoir ? Comme psychologue, je crois que le mieux serait de s’exposer le moins longtemps possible à la toxicité psychologique du pouvoir politique. Les hauts postes politiques devraient être de lourdes charges que des citoyens accepteraient tel un pénible sacerdoce. Il ne devrait avoir ni salaire intéressant, ni faveurs spéciales. Juste la satisfaction de faire quelque chose d’utile pour ses concitoyens. Les mandats politiques seraient limités à un maximum de 5 ans, une fois renouvelable. On ne pourrait avoir que dix ans au maximum de carrière politique dans toute sa vie. Quel que soit le niveau et sans cumul. Ainsi, le but d’un ministre, d’un député ou d’un simple conseiller communal serait de prendre un maximum de bonnes décisions pour le bien commun. Sans souci de devoir conserver son job. Dix ans après la fin du mandat, un jury populaire (aidé d’experts) évaluerait avec recul les résultats de chaque personnalité politique. Les erreurs ne seraient pas sanctionnées (tout le monde peut se tromper et il faut encourager l’audace) Seules les fraudes ou malversations seraient poursuivies. Par contre, les bons résultats seraient récompensés par de grands honneurs (mais pas de l’argent). Cela modifierait radicalement le fonctionnement de la classe politique et augmenterait leur estime par le peuple. Un renouvellement constant des classes dirigeantes par des citoyens des deux sexes, de tous âges, issus de tous les milieux apporterait un vent de fraîcheur salutaire. Des idées nouvelles surgiraient. On ne serait plus en face de ces dynasties de politiciens où l’on se transmet les privilèges d’une génération à l’autre, comme l’aristocratie d’autrefois. Des mandats limités dans le temps redonneraient une seconde jeunesse à notre démocratie qui en a bien besoin. Mais rien ne vous oblige à penser comme moi …