Il y a peu nous apprenions de Richard Snowden que les Etats-Unis espionnaient nos conversations GSM et nos échanges de courrier électronique. Plus récemment l’on apprend que c’est le téléphone portable d’Angela Merkel qui est écouté par les services secrets américains. Il semblerait que 35 autres dirigeants soient également sur écoute régulière par la NSA. Les bienpensants diront que ce n’est vraiment pas bien, en fronçant des sourcils et en agitant un doigt levé au nom du droit à la vie privée. Angela Merkel fit preuve d’un courage inouï en osant dire aux américains : « L'espionnage entre amis, ça ne va pas du tout ! ». Face à ces paroles fortes, j’imagine l’hilarité générale au sein de la CIA et de la NSA. Ils ont dû redoubler de rire en entendant qu’officiellement l’Union européenne se refusait à (même) envisager des actions contre les USA. Notons, que notre premier ministre, Elio Elio Di Rupo fut pratiquement le seul à suggérer des « mesures européennes » contre « cet espionnage systématique ». Certains se diront, que cela ne devrait pas trop nous gêner que les Américains nous écoutent puisque nous n’avons rien de mal à cacher. Toutefois, cela pose un réel problème lorsque les informations collectées par les agences américaines sont utilisées pour flouer les pays européens lors d’importantes négociations commerciales. Si les négociateurs américains connaissent toutes les cartes des dirigeants européens (grâce aux écoutes de la NSA) ils augmenteront considérablement leurs chances de remporter les contrats commerciaux. Et cela fera autant d’emplois en plus pour les USA et en moins pour l’Europe. Notre santé économique dépend donc en partie de notre capacité à protéger nos secrets commerciaux. Dans un monde idéal (ou chez les Bisounours) l’espionnage de ses amis « ça ne va pas du tout ! ». Il est peut-être politiquement correct de se contenter de le rappeler aux Américains mais cela s’avère totalement inefficace.
Anatol Rapoport démontra que la façon la plus efficace d’interagir dans toutes les relations humaines (individuelles ou de groupes) était la stratégie CRP : Coopération, Réciprocité, Pardon. Quand un individu rencontre un autre individu, le mieux est de toujours commencera par offrir sa coopération. Ensuite de passer à la réciprocité. Ce qui signifie que s’il nous rend un service, on lui rend également service. Mais s’il vous fait du tort, vous lui en faite également, avec la même intensité. Enfin, il convient de pardonner et repartir sur une base de coopération. Je suis un ami des Etats-Unis. Je suis cependant convaincu que la meilleure façon de conserver notre amitié est de se comporter avec eux comme ils se comportent avec nous. Certes nous n’avons pas leurs moyens financiers. Il n’est cependant pas nécessaire de gaspiller autant d’argent qu’eux pour développer un service de renseignement très efficace. Pas besoin d’engloutir des milliards dans des systèmes électroniques sophistiqués. Il suffit de constituer une équipe qui se chargerait de suivre de près les dirigeants politiques et économiques américains. Les hasards de ma vie de psychologue, m’ont fait rencontrer à Washington un psy qui dirigeait le service d’analyse de la personnalité de la CIA. Il était entouré d’une toute petite équipe. Mais il me confia que ses analyses psychologiques des dirigeants des autres pays s’avérèrent parfois cruciales lors de négociations difficiles. En m’informant, je constatai que l’Europe ne possédait aucun service similaire. Je suggère donc la création d’une agence de renseignement européenne (pas dirigée seulement contre les USA mais aussi contre les autres grandes puissances économiques rivales). Cette agence serait constituée de l’ensemble des pays de l’Union Européenne. Sauf la Grande Bretagne évidemment. Car chacun sait qu’ils sont totalement inféodés aux USA. Et que leurs agences de renseignement préfèrent généralement travailler avec le Commonwealth plutôt qu’avec l’Europe continentale. Une agence centrale européenne de business intelligence rétablirait un petit peu le déséquilibre de l’Europe face à ses rivales. En outre, je suis persuadé que les Américains se montreraient un peu plus respectueux de nos libertés, si on leur servait leur propre médecine. Mais je ne vous oblige pas à penser comme moi …