COMBIEN DE TEMPS VA-T-ON PROLONGER LE COMA DE LA BELGIQUE ?

Tous les partis (sauf écolo) se réjouissent de leur victoire. Tout le monde aurait donc gagné ? Et si c’était la Belgique qui avait perdu ? Les bienpensants nous répètent « tout va très bien Madame la Marquise, la majorité des Flamands n’a pas voté N-VA.». Oubliant que la plupart des autres partis flamands (excepté Groen) soutiennent des thèses de plus en plus flamingantes finalement peu éloignées de celles de la N-VA. On pensait, il y a peu encore, calmer les velléités nationalistes flamandes par de nouvelles concessions francophones et une sixième réforme de l’état (soi-disant la dernière). Grâce à ces renoncements et l’abandon des Francophones de la périphérie, de nombreux doux rêveurs prophétisaient l’écroulement de Bart de Wever et sa N-VA. Et que voit-on ? 

Que pour de très nombreux électeurs flamands, la Belgique est encore trop unie. La bonne nouvelle pour les Flamands, c’est que les électeurs francophones sont sûrement prêts à de nouvelles concessions pour prolonger la survie de cette "Belgique unie" agonisante. La preuve étant qu’ils votent majoritairement pour le PS, le MR et le CDH, qui sont toujours prêts à lâcher du lest à la Flandre. Tandis que le FDF qui souhaiterait mener une politique plus ferme face aux revendications flamandes n’obtient lui, qu’un score très modeste en Wallonie (A Bruxelles, où il bénéficie d’une longue histoire de résistance aux pressions flamandes, il réalise un score plus honorable). On comprend évidement les électeurs francophones qui estiment qu’il existe d’autres priorités bien plus importantes que les questions linguistiques. Mais là aussi, nous observons une fracture entre le Nord et le Sud du pays. Pour sortir de la crise, les Flamands veulent une politique de droite dure, les Francophones une politique de centre-gauche. On m’objectera que le MR progresse à Bruxelles et en Wallonie. Mais chez nous, même le MR propose une politique plutôt « sociale » assez éloignée de la droite radicale de la N-VA et d’autres formations flamandes. Le fossé entre Flamands et Francophones est donc aussi idéologique. Le problème du survol de Bruxelles est une excellente métaphore psychologique de la situation. Les Flamands veulent conserver Zaventem comme unique aéroport national et font tout pour bloquer le développement international des aéroports de Liège et Charleroi. L’objectif étant de maintenir les emplois de ce secteur en Flandre et d’empêcher la Wallonie de décoller. Mais mieux vaut faire subir les nuisances des avions à Bruxelles et au Brabant Wallon, plutôt qu’au Brabant flamand. On comprend donc que la majorité des Flamands ne veulent pas d’une véritable indépendance. Ils souhaitent seulement une Belgique grabataire au service d’une Flandre forte. Devons-nous l’accepter ? J’aime la Flandre et j’aime les Flamands. Je suis persuadé que les Flamands feraient d’excellents voisins et de très bons partenaires commerciaux. Mais force est de constater qu’actuellement ils sont les colocataires acariâtres d’une Belgique moribonde. Combien de temps allons-nous encore perdre à maintenir, à coup de concessions sans fin, cet Etat fédéral en coma avancé ? Combien de temps allons-nous encore nous humilier à quémander de l’argent à la Flandre ? Et tout cela au lieu de nous retrousser les manches et focaliser notre énergie à construire une solide fédération Bruxelles-Wallonie. J’ai envie de dire : Francophones n’ayez pas peur. Vous n’êtes pas les fainéants profiteurs que décrit Bart De Wever. Vous avez du génie, du courage, de la volonté et du talent. Bruxelles et la Wallonie auraient un immense potentiel, une fois libérées des blocages de la tutelle flamande. La prospérité et le succès existent en Wallonie. Osons prendre notre destin en main. Mais rien ne vous oblige à penser comme moi …